L’un des arguments pour inciter le peuple d’Israël a lutter pour arriver à la « terre promise » fut le fait que Canaan (où ils allaient) était présenté comme « le pays où coulent le lait et le miel » Présenté comme tel, Canaan était l’illustration éclatante d’un pays de bonheur où rien ne devrait manquer, pour tout le monde….
En cette période de tumultes et de confusion tant au niveau des états développées pleins de ressources qu’au niveau des pays pauvres, on se demande ce qui se passerait si tous les leviers du pouvoir étaient détenus par des gens qui craignent Dieu, des gens qui acceptent que toutes les ressources devraient être a la portée de tous ou règne une justice équitable, où chaque individu, indépendamment de son origine ou de sa condition, aurait accès aux biens essentiels pour vivre dignement.
Le consensus entre islam et christianisme autour d’Abraham est soutenu par les écrits coraniques et bibliques qui présentent tous ce patriarche chaldéen comme «celui qui marcha dans la voie du Dieu unique». Et ce consensus n’est pas seulement dû au fait qu’Abraham est l’ancêtre des Arabes (par Ismaël) et des Juifs (par Isaac) (Ge 25:12-22), car Abraham a été une référence pour tous les grands prophètes qui se sont succédés après lui. En effet, la vie et les nombreux actes de ce vieillard de Chaldée (région d’Irak) lui ont valu le surnom de «père de la foi».
Abraham fait donc l’unanimité. Mais que disent les musulmans de Jésus-Christ? Le Coran, livre saint des musulmans, parle beaucoup de Jésus qui est appelé «Nabi Issa». On dit que 92 versets lui sont consacrés dans ce livre. Selon Ibn al Arabi (1165-1241), un grand auteur musulman très respecté du Moyen Age, Jésus est présenté par le Coran comme le sceau de la sainteté. Et il ajoute: «Ce sceau de la sainteté est un apôtre qui n’aura pas d’égal dans le monde. Il est l’Esprit, et il est le fils de l’Esprit et de la vierge Marie. C’est là un rang que nul autre ne pourra atteindre. Il descendra parmi nous en arbitre juste» (1).
Ainsi, quand le Coran parle des «peuples du livre» que sont les chrétiens et les Juifs, il les considère comme des gens qui croient en un Dieu unique, des frères qui s’appuient sur des écrits infaillibles venus de Dieu, à savoir la Bible. Mais comment se fait-il qu’on note un tel écart entre les pratiques musulmanes et la foi chrétienne? Est-ce le fruit d’un égarement ou la résultante d’une incompréhension soutenue par des antagonismes purement culturels? Si, comme le soutiennent le Coran et les hadiths, on reconnaît que Jésus reviendra sur terre en juste juge, pourquoi tant de musulmans (et même certains chrétiens) ignorent tout du message du Christ?
Aujourd’hui, à tous les musulmans et chrétiens, nous pouvons poser la question suivante: Etes-vous d’Abraham? Jésus nous donne une indication pour la réponse: «Si vous êtes d’Abraham, faites les œuvres d’Abraham. Abraham a tressailli de joie à la pensée de voir mon jour; il l’a vu et s’est réjoui» (Jn 8:39,56). Abraham avait donc déjà compris que Jésus était le chemin, la vérité et la vie. Et nous?
Ce que nous ignorons de Nabi Issa (Jésus-Christ), nous pouvons le découvrir dans la Bible, pourvu que nous bannissions les préjugés, ces préjugés qui nous empêchent de lire ou d’écouter ce que Dieu veut de nous.
Notes: (1) Ibn al Arabi, cité par Roger GARAUDY dans «Appel aux vivants»
Edition du seuil, 1979.
(By Kobo Maurice OUEDRAOGO, In Journal Appel Afrique N° 6-7 – Edition Janvier – juin 2003, Edité en Suisse)