La plupart de nos écoles aujourd’hui sont mixtes et les élèves y passent beaucoup de leur temps. Aussi est-il compréhensible qu’au-delà de l’objectif premier qu’est la formation, des relations particulières se tissent inévitablement entre les différents acteurs. Mais, il n’y a pas que la sympathie qui lie les élèves, l’école est aussi le royaume des sentiments où règne sa majesté l’amour.
Si pour les uns, avoir une copine dans la même classe ou le même lycée ne dérange pas, pour les autres, il n’en est pas question.
CA ME DÉRANGERAIT PAS !
Avoir une copine dans la même classe que soi n’est pas aussi dérangeant que ça, c’est l’avis de Adrien, élève en terminale. « Je suis déjà sorti avec une fille de ma classe en troisième. On s’oublie pendant le cours tout simplement ». Cet avis est bien partagé par Barthélemy, qui, à l’heure actuelle, en a trois dans sa classe. Comment gère-t-il ça ? « Avec la complicité de mes amis », dit-il. A la question de savoir pourquoi un tel comportement sentimental, Barthélemy répond qu’il s’agit tout simplement d’un test de compétence car, selon lui il n’est pas donné à n’importe qui de pouvoir faire cela. Deux des soi-disant copines de Barthélemy confient qu’elles déplorent le comportement de Barthélemy qui leur a envoyé à toutes les 2 une déclaration d’amour alors qu’elles sont copines.
PAS DANS LA MÊME CLASSE !
Les partisans de cet avis trouvent qu’il n’y a rien de plus gênant que d’avoir son copain ou sa copine dans la même classe que soi. « Ça perturbe l’esprit et ça fait rêver », disent-ils. « Je préfère aller dans les autres lycées ! ». C’est l’avis de Daouda, élève en première, qui confie avoir une copine dans un autre lycée en classe de troisième. Evariste, en classe de troisième affirme que ça empêche de bosser car il a vécu l’expérience : En quatrième, il avait de mauvaises notes parce qu’il sortait avec une fille de sa classe ; Cette année, il a arrêté ; il préfère réussir à son BEPC avant de recommencer.
PAS PRÊT A DÉCLARER
A côté de tous ces élèves, il y a ceux qui portent des amours inavoués soit par manque de courage, soit par peur d ‘échouer ou d’être rejeté. C’est le cas de Florence en classe de terminale, attirée par un garçon du lycée, et Georges en classe de première, attiré par une fille de sa classe. « Je n’oserais jamais déclaré cet amour parce que ce n’est pas aux filles de faire le premier pas et en plus je sais que ça ne marchera pas », dit Florence.
S’il y a des garçons comme Barthélemy, qui ont plusieurs copines, il existe aussi des filles comme Henriette, avec plusieurs petits amis. En effet Henriette, en classe de terminale a deux amoureux et son cœur balance ; chacun d’eux ayant ses qualités et ses défauts, Henriette nous confie que le choix s’avère difficile.
Et il y a encore ceux là qui ne sont pas amoureux. Carlos en classe de quatrième au lycée N.M., n’est jamais tombé amoureux. « J’essaie mais je n’y arrive pas », dit-il. c’est aussi le cas de Inès, en classe de première qui se réserve pour mieux bosser. Et elle affirme, ferme : « Je rencontre souvent des garçons qui me plaisent mais je fais violence sur moi-même pour ne pas perturber mes études ».
A QUI LA FAUTE ?
« Les filles sont matérialistes » disent les garçons. « Les garçons ne sont pas sérieux » affirment les filles. Ainsi, on s’accuse de part et d’autre. Selon les filles, les garçons les mettent chaque fois dans des situations confuses et gênantes lorsqu’elles se retrouvent à deux ou trois chez le même ami.
Quant aux garçons, les filles leur font commettre parfois des bêtises. Alors que l’argent de poche ne suffit pas quand elles vous demande quelque chose, vous êtes obligé d’ouvrir le porte monnaie de Maman à son insu.
RELATION SINCÈRE OU FLIRT ?
Les relations amoureuses au lycée sont elles sincères ? En tout cas, même les concernés répondent avec hésitation. Les uns ne savent pas, ils préfèrent laisser faire le temps. Les autres sont plus précis : il s’agit d’un flirt, sans lendemain.
C’est ce que pense Barthélemy qui confesse que sa relation avec les 3 copines qu’il a dans sa classe n’est qu’un « amusement », une crainte de la solitude car il a sa chérie à l’internat et c’est elle qui compte pour lui. Clara, en classe de première, pense la même chose. En seconde, elle est sortie avec un copain de classe mais ce n’était qu’un flirt. Ainsi donc, les relations amoureuses au lycée sont généralement sans suite et sans lendemain car elles ne sont pas toujours sérieuses ; elles s’effacent du jour au lendemain dans certains cas, et pourtant, dans d’autres rares cas, l’amour reste sincère et se renforce avec le temps.
QUEL COMPORTEMENT SEXUEL ?
Avoir un ou une partenaire est une chose et adopter un comportement en est une autre.
Grands furent notre étonnement et notre joie à la rencontre de ces jeunes qui se responsabilisent dans leur sexualité. En effet, la plupart d’entre eux disent utiliser les condoms. Certains parlent de fidélité. D’autres, et ce sont les moins nombreux, préfèrent carrément l’abstinence. Voilà qui est rassurant, surtout en ces temps de pandémie de VIH/SIDA.
AMOUR OU ETUDES ?
En somme les élèves ne sont pas en reste dans le domaine des sentiments.
Et c’est tout à fait naturel mais chaque chose ayant son temps, Il faut faire passer son envie de réussir avant tout.
Dégagez l’esprit, remplissez la tête de leçons, de connaissances et le moment venu, une place se fera nécessairement pour accueillir les rêves sentimentaux.
Binta KARGOUGOU
(In Les Enfants de 2008 numéro 003, Janvier-Février 2004)